3
Déc
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Lorsque Sliv accepte d’intégrer le CFR, il est loin d’imaginer qu’il s’agit d’une organisation secrète internationale qui a noyauté jusqu’à la Banque Mondiale, et dont l’activité est de falsifier l’information. Ses milliers d’agents inventent sans relâche des scenarii avant de modifier les sources existantes ou d’en inventer de nouvelles. De nombreux faits s’avèrent être le fruit de l’imagination du CFR : la première chienne Laïka envoyée dans l’espace, la disgrâce de Cortés auprès de Charles Quint du fait qu’il n’était pas baptisé, les propriétés étonnantes d’absorption du CO2 par une forêt en passe d’être rasée, etc.
Fasciné par son activité dans l’ombre et par le pouvoir qui lui est octroyé, puisque ses dossiers pèsent sur l’opinion et les relations internationales, Sliv est cependant amené à faire face aux conséquences de son engagement : jusqu’où le CFR va-t-il aller pour protéger le secret de son existence ? et surtout, quelle est sa finalité ?
Une histoire incroyablement ficelée, un suspense bien mené, une écriture élégante, ce roman est un bijou qui se lit d’une traite. Soulevant les questions de la tentation de modifier le cours de l’histoire et de la fiabilité de l’information, il crédibilise le mensonge à grande échelle. Attention, effets secondaires : rend paranoïaque ! Seule ombre au tableau : les réponses sont remises à un éventuel second tome…
Tags: anticipation, Bello, CFR, falsificateurs, information, organisation secrète, paranoïa, polar, policier, réalité, roman, roman fiction, théorie du complot
24
Nov
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Une expédition découvre un trésor dans un lieu reculé de la galaxie: un mine de programmes inconnus issus d’une Archive d’une civilisation disparue. En explorant ces programmes, les chercheurs déclenchent une Perversion, une entité intelligente maligne qui va rapidement chercher à soumettre et détruire toute civilisation et toute forme de vie.
Deux enfants parviennent malgré tout à s’échapper avec le seul remède capable de détruire la Perversion. Après un court voyage, ils atterrissent en catastrophe sur une planète habitée par un civilisation primitive de forme canine, à un stade d’évolution équivalent de notre moyen-age. Le vaisseau envoie alors automatiquement un signal de détresse auquel une civilisation répond, des années plus tard, par une mission de sauvetage.
Quelques réflexions:
Dans Un Feu Sur L’abime, Vernor Vinge développe plusieurs concepts majeurs extrêmement pertinents, notamment:
- La galaxie non-homogène et la transcendance: plus on se rapproche de son centre, plus la matière est dense et le temps, l’intelligence, la pensée et les avancées technologiques sont ralentis. Les civilisation pour progresser doivent être le plus possible à la bordure de la galaxie, c’est la bordure qui devient le véritable centre des échanges et des avancées technologiques: intelligence artificielle, antigravitation… Lorsqu’elle s’éloigne encore de la galaxie, la civilisation tend à se déifier, à transcender pour devenir des entités « divines ».
- La race canine intelligente occupant la planète ou atterrissent les enfants fonctionne avec des esprits de groupe: les individus peuvent s’unir et développer un esprit commun, un individu est alors constitué de plusieurs corps indépendants avec un esprit unique, fusion des différents esprits. Lors du décès d’un des membres de l’individu, celui-ci doit s’efforcer de maintenir son unité, et généralement va chercher un corps solitaire pour lui proposer la fusion, cette fusion est source d’équilibre jusqu’à une certaine limite (<3,4 voire une dizaine de corps, selon les individus).
Vernor Vinge a reçu pour Un Feu Sur L’Abîme l’éminent prix Hugo en 1993.
Avis personnel:
Assez difficile d’accès et très conceptuel, ce roman recèle des reflexions d’une extrème richesse (en effet plusieurs années avant leur arrivée, Vernor Vinge décrit notamment ce qui sera Internet, le mail etc.) et une histoire qui se révèle passionnante malgré un départ un peu rude. Accrochez-vous, ça vaut le coup.
[Lien vers une critique de haut vol]
Tags: anticipation, canin, chien, civilisation, dieu, épopée, espace, intelligence artificielle, littérature, moyen-age, prix hugo, progrès, réflexion, roman, un feu sur l'abime, vernor vinge
19
Nov
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Couronnement inédit dans le monde de la science-fiction, Orson Scott Card, mormon de son état, a reçu les prix Hugo et Nebula deux années consécutives au titre du cycle d’Ender: en 1985 pour le premier volume, la stratégie Ender et en 1986 pour le deuxième, la voix des morts. Le cycle d’Ender comprend 4 volumes, les deux suivants étant: Xenocide et les enfants de l’esprit.
Le cycle est excellent dans son intégralité mais j’insisterai plus particulièrement sur le premier volume: la stratégie Ender, que j’estime être un chef d’oeuvre d’une portée qui dépasse largement l’univers de la science fiction.
Lorsque l’humanité rencontra une race extra-terrestre, les doryphores, celle-ci cherchait à envahir la Terre. L’invasion fut repoussée de justesse grâce à un général de génie disparu peu de temps après. Aujourd’hui la Terre est suffisamment remise pour pouvoir contre-attaquer et prévenir une nouvelle invasion. Dans cette optique, les forces de Défense sélectionnent dès le plus jeune age les enfants des plus grands génies et les éduquent pour en faire des officiers d’élites. Ender est un génie de 6 ans, troisième et « dernier » enfant de sa famille, il fait parti des enfants sélectionnés par les recruteurs de la Défense. La stratégie Ender est un roman initiatique où Ender va avoir a affronter tour à tour, la séparation d’avec sa famille, l’isolement, l’intimidation, le commandement, la guerre.
La qualité de ce roman, relativement court, tient en grande partie aux à la finesse d’analyse et à la richesse des relations entre les différents personnages. Citons par exemple l’intelligence du traitement et la complexité de la confrontation entre Ender et Graff son instructeur désabusé manipulateur mais fasciné, voire apeuré, par l’intelligence du garçon, ou encore la finesse de l’étude des relations entre Ender, isolé psychologiquement par les agissements de Graff, et les autres enfants de l’école. De l’aveu même de l’auteur, ces relations s’inspirent en grande partie de ses propres souvenirs d’enfance dans des écoles religieuses de garçons (mormones ?). Sous certains aspects, on observe aussi une similarité avec les modes d’éducation jésuites.
Les combats entre les équipes d’enfants à l’école de guerre sont également décrits avec un grand réalisme et une intelligence stratégique remarquable, ce qui rythme aimablement l’ensemble du roman.
Anecdote pour briller en société: aux États-Unis, plusieurs écoles d’officiers militaires ont inclus l’étude du roman dans leurs cours de commandement.
Il est très intéressant de noter par ailleurs que les outils médiatiques que Valentine et Peter, la soeur et le frère d’Ender, utilisent pour manipuler l’opinion publique sont très semblables aux évolutions actuelles des médias de masse, notamment l’émergence des blogs et forums de discussions sur Internet. Le roman ayant été écrit en 1985, cela souligne un talent d’anticipation certain de la part de l’auteur de ce roman d’anticipation (NDLR: et la boucle est bouclée).
Si je devais conclure en 3 mots: à lire absolument !
Tags: anticipation, art, chef d'oeuvre, cycle ender, ender, espace, étude, génie, la stratégie ender, orson scott card, prix hugo, prix nebula, roman, roman initiatique, Science-fiction