Archive for the Romans Category

Milena Agus, Mal de Pierres

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Milena Agus est une femme écrivain d’une grande sensibilité, dotée une écriture fine et épurée. Originaire de Sardaigne, elle séduira les lecteurs (et bien sûr les lectrices) assoiffés de fraîcheur et d’authenticité. C’est avec Mal de Pierres, son deuxième roman, qu’elle a été révélée au public français, récompensée par le prix Relay du roman d’évasion.

Avec pour cadre une Sardaigne millénaire et ensoleillée, la vie de la très énigmatique héroïne est racontée par petites touches autour du mystère de son destin malheureux. Elle est belle et pourrait être considérée comme une femme de caractère, mais son idéalisme la pousse à attendre le grand amour. La poésie du texte révèle dans sa complexité et dans toute sa beauté un personnage incompris et blessé, considéré par ailleurs comme « dérangé ». A trente ans, elle finit par accepter un mariage de raison, qui est loin de la guérir de son mal d’amour. C’est la rencontre du Rescapé qui va lui rendre le goût de la vie, mais ce n’est que sa petite-fille des années plus tard qui va révéler ce personnage dans sa vérité.

Ce roman brosse un univers féminin peuplé de personnages humains, très simples, un peu fous… un monde sarde, loin du continent, de sa richesse et de la modernité, et dans lequel on plonge sans recul. On ferme le livre avec à la fois le cœur serré et l’envie de croquer la vie !

Vous retrouverez la magie de l’univers de Milena Agus avec Battement d’ailes.

Antoine Bello, Les Falsificateurs

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Lorsque Sliv accepte d’intégrer le CFR, il est loin d’imaginer qu’il s’agit d’une organisation secrète internationale qui a noyauté jusqu’à la Banque Mondiale, et dont l’activité est de falsifier l’information. Ses milliers d’agents inventent sans relâche des scenarii avant de modifier les sources existantes ou d’en inventer de nouvelles. De nombreux faits s’avèrent être le fruit de l’imagination du CFR : la première chienne Laïka envoyée dans l’espace, la disgrâce de Cortés auprès de Charles Quint du fait qu’il n’était pas baptisé, les propriétés étonnantes d’absorption du CO2 par une forêt en passe d’être rasée, etc.

Fasciné par son activité dans l’ombre et par le pouvoir qui lui est octroyé, puisque ses dossiers pèsent sur l’opinion et les relations internationales, Sliv est cependant amené à faire face aux conséquences de son engagement : jusqu’où le CFR va-t-il aller pour protéger le secret de son existence ? et surtout, quelle est sa finalité ?

Une histoire incroyablement ficelée, un suspense bien mené, une écriture élégante, ce roman est un bijou qui se lit d’une traite. Soulevant les questions de la tentation de modifier le cours de l’histoire et de la fiabilité de l’information, il crédibilise le mensonge à grande échelle. Attention, effets secondaires : rend paranoïaque ! Seule ombre au tableau : les réponses sont remises à un éventuel second tome…

Chuck Palahniuk, Choke

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Choke est la troisième arme de destruction massive lâchée en 2001 par cet ovni de la littérature américaine.

Révélé au monde entier par le succès du dérangeant fight club, Palahniuk excelle dans ce nouveau genre de roman qui fascine presque autant qu’il peut dégoûter.

Corrosif, lubrique, venimeux, provoquant, déjanté, les adjectifs ne manquent pas pour décrire le style de l’auteur qui nous dépeint la quête d’identité de son principal protagoniste: Victor Mancini.

Victor, est un médecin nymphomane qui cherche à découvrir ses origines au chevet de celle qu’il croit être sa mère mourante. Victor a pour passe-temps favori de faire semblant de s’étouffer dans des restaurants afin d’être « sauvé » par des bienfaiteurs généreux. Victor est convaincu par Paige Marschall, une jeune médecin débridée, qu’il est le nouveau christ. Victor a un meilleur ami, Denny, qui, obsédé par les pierres, commence à construire sans permis une immense bâtisse…

Choke est un voyage au cœur de la folie. Chaque personnage est guidé par sa propre névrose obsessionnelle jusqu’au narrateur lui-même qui plaque, un à un, ses tics d’expression.

L’habileté suprême du père Chuck nous conduit pourtant  même à douter, au moment de refermer ce roman effrayant: Qui de ces « egos pensants » est vraiment fou ou clairvoyant?

Pour finir et en un mot, Choke est un livre d’une très grande originalité mais à déconseiller fortement aux âmes sensibles et puritaines.

Henri Troyat, Votre très humble et très obéissant serviteur

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Description Commentée:

Voici un roman intelligent et très bien ficelé à forte connotation historique écrit en 1996 par Lev Aslanovitchy Tarassov (Лев Асланович Тарасо) plus connu en France sous le nom d’Henri Troyat.

Au fil de son récit, l’auteur tisse des liens étroits entre la France, en proie successivement au rayonnement des lumières, à sa révolution puis à la fièvre bonapartiste, et la Russie livrée aux règnes de Catherine II, Paul Ier et Alexandre Ier.

C’est sous l’égide de femmes extravagantes et dominatrices que Constantin Chévezoff, secrétaire à la chancellerie de l’impératrice russe, traverse cette page d’histoire tumultueuse.

Tranchante, vive et sans aucune concession, la plume de ce vieil académicien décédé l’année dernière nous fait vivre de l’intérieur les péripéties amoureuses et professionnelles de ce personnage qui, tour à tour passionné, effrayé ou indifférent se glisse dans des rôles aussi variés que scribe, amant ou confident.

De cette vie consacrée au service de sa Majesté, il ressort un portrait étonnant d’une époque tantôt glorieuse tantôt sordide où la bêtise côtoie l’esprit et où l’idéalisme le plus pur se mêle au sinistre pragmatisme des protagonistes.

À la fin de son roman, Henri Troyat ne cache plus le désarroi et la lassitude de son bon Constantin à qui ils prêtent ces mots terribles :

« En écoutant le récit de ces extravagances, je me félicitais chaque jour un peu plus d’avoir été éloigné du trône. J’étais convaincu à présent que toute politique, qu’elle fut libérale ou despotique, portait en elle les germes de l’injustice, de la corruption et de la folie. Échappé à l’horreur de la Révolution française, j’étais tombé dans l’horreur de la tyrannie russe. Le salut, pour un honnête homme, consistait à se méfier aussi bien des dirigeants illuminés que des foules aveugles. C’était en ne participant ni aux décisions du palais ni aux remous de la plèbe que le sage pouvait espérer survivre en ce siècle de fer. »