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Gomorra : Roberto Saviano raconte la mafia napolitaine

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Roberto Saviano - Gomorra - dans l'empire de la Camorra

Elles ont engendré plus de morts que n’importe quelle autre organisation terroriste: plus de 10000 en 30 ans.  Cumulé, le chiffre d’affaire des 3 grandes mafias italiennes ( Ndrangheta, Camorra et Cosa Nostra) est estimé à plus de 100 milliards d’euros par an.

Dans son enquète appellée Gomorra, Roberto Saviano nous emmène au coeur des cités napolitaines, fiefs de la Camorra. Nous le suivons dans son terrible parcours : du port de Naple, point d’entrée en Europe de la très grande majorité des contrefaçons en provenance de l’Asie en passant par les cités décimées par la drogue et les armes, puis par les ateliers clandestins producteurs de haute couture pour découvrir finalement avec stupeur la mainmise des mafias sur le traitement et le recyclage (qui n’ont pas lieu) des déchets.

Dans son ouvrage, Roberto Saviano décrit avec précision les mécanismes de la mafia italienne, comment les cités noyautées n’attendent plus grand chose de l’Etat ou de la ville mais tout de la mafia. La fascination des jeunes.

Roberto Saviano

Les systèmes de surveillance par ces jeunes justement. La vie des familles. Les règlements de comptes. Les caches des « parrains ». Les magouilles et les mécanismes financiers déments. La folie de ce monde gangréné et sans valeurs. Edifiant, Gomorra fait peur parce qu’il sonne vrai, parce qu’on voudrait que ce ne soit qu’un film, ou un roman policier. A lire, ne serait-ce que pour saluer le courage de son auteur !

Gomorra a été récemment adapté au grand écran: le film est traité différemment, il insiste surtout sur la description réaliste de « tranches de vie » du monde de la camorra, sur l’absurdité, sur l’horreur et la mort. Complémentaire, le film est tout aussi intéressant, il apporte le coté visuel, concret et réel au livre qui tient plus un rôle de document d’enquète.

Chuck Palahniuk, Choke

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Description commentée :

Choke est la troisième arme de destruction massive lâchée en 2001 par cet ovni de la littérature américaine.

Révélé au monde entier par le succès du dérangeant fight club, Palahniuk excelle dans ce nouveau genre de roman qui fascine presque autant qu’il peut dégoûter.

Corrosif, lubrique, venimeux, provoquant, déjanté, les adjectifs ne manquent pas pour décrire le style de l’auteur qui nous dépeint la quête d’identité de son principal protagoniste: Victor Mancini.

Victor, est un médecin nymphomane qui cherche à découvrir ses origines au chevet de celle qu’il croit être sa mère mourante. Victor a pour passe-temps favori de faire semblant de s’étouffer dans des restaurants afin d’être « sauvé » par des bienfaiteurs généreux. Victor est convaincu par Paige Marschall, une jeune médecin débridée, qu’il est le nouveau christ. Victor a un meilleur ami, Denny, qui, obsédé par les pierres, commence à construire sans permis une immense bâtisse…

Choke est un voyage au cœur de la folie. Chaque personnage est guidé par sa propre névrose obsessionnelle jusqu’au narrateur lui-même qui plaque, un à un, ses tics d’expression.

L’habileté suprême du père Chuck nous conduit pourtant  même à douter, au moment de refermer ce roman effrayant: Qui de ces « egos pensants » est vraiment fou ou clairvoyant?

Pour finir et en un mot, Choke est un livre d’une très grande originalité mais à déconseiller fortement aux âmes sensibles et puritaines.

Henri Troyat, Votre très humble et très obéissant serviteur

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Description Commentée:

Voici un roman intelligent et très bien ficelé à forte connotation historique écrit en 1996 par Lev Aslanovitchy Tarassov (Лев Асланович Тарасо) plus connu en France sous le nom d’Henri Troyat.

Au fil de son récit, l’auteur tisse des liens étroits entre la France, en proie successivement au rayonnement des lumières, à sa révolution puis à la fièvre bonapartiste, et la Russie livrée aux règnes de Catherine II, Paul Ier et Alexandre Ier.

C’est sous l’égide de femmes extravagantes et dominatrices que Constantin Chévezoff, secrétaire à la chancellerie de l’impératrice russe, traverse cette page d’histoire tumultueuse.

Tranchante, vive et sans aucune concession, la plume de ce vieil académicien décédé l’année dernière nous fait vivre de l’intérieur les péripéties amoureuses et professionnelles de ce personnage qui, tour à tour passionné, effrayé ou indifférent se glisse dans des rôles aussi variés que scribe, amant ou confident.

De cette vie consacrée au service de sa Majesté, il ressort un portrait étonnant d’une époque tantôt glorieuse tantôt sordide où la bêtise côtoie l’esprit et où l’idéalisme le plus pur se mêle au sinistre pragmatisme des protagonistes.

À la fin de son roman, Henri Troyat ne cache plus le désarroi et la lassitude de son bon Constantin à qui ils prêtent ces mots terribles :

« En écoutant le récit de ces extravagances, je me félicitais chaque jour un peu plus d’avoir été éloigné du trône. J’étais convaincu à présent que toute politique, qu’elle fut libérale ou despotique, portait en elle les germes de l’injustice, de la corruption et de la folie. Échappé à l’horreur de la Révolution française, j’étais tombé dans l’horreur de la tyrannie russe. Le salut, pour un honnête homme, consistait à se méfier aussi bien des dirigeants illuminés que des foules aveugles. C’était en ne participant ni aux décisions du palais ni aux remous de la plèbe que le sage pouvait espérer survivre en ce siècle de fer. »