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Thérèse Delpech, l’Ensauvagement

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Le retour de la barbarie au XXème siècle est le thème majeur développé dans cet essai qui a remporté le prix fémina en 2005.

Son auteur, agrégée de philosophie et diplômée de l’école normale supérieure, maîtrise allégrement son sujet.

Les fonctions prestigieuses que Thérèse Delpech occupe, tant à la tête des affaires stratégiques du commissariat à l’énergie atomique, au centre d’études et de recherches internationales, qu’à l’institut international d’études stratégiques, n’y sont en effet pas pour rien.

Cette spécialiste des relations internationales mène ici une réflexion historique sur le siècle passé pour mieux nous prédire celui qui s’ouvre à nous.

Revenant tout d’abord sur les premiers jalons posés par le conflit russo-japonais de 1905, elle nous livre ici une analyse à la fois stratégique, historique et philosophique du monde actuel et des scénarios plausibles pour 2025.
Pessimiste, l’auteur met en garde contre l’incidence de la politique de Poutine, les tensions en Asie du Sud-Est et la question nucléaire.

A bien des égards, cet essai passionnant mérite d’être lu à la lumière du rapport de la CIA commenté par Alexandre Adler. Il s’en distingue toutefois par sa dimension quasi-spirituelle qui lui confère une teinte unique.

Paul Valéry, Regards sur le monde actuel

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Regards sur le monde actuel est un essai écrit en 1931 par Paul Valéry, « l’un des esprits les plus puissants et les plus lucides » du XXème siècle.

Au fil des pages, Paul Valéry fait montre d’une intelligence redoutable. Tour à tour il analyse, il décortique, il projette sa vision du monde sur des sujets aussi divers que l’histoire, la politique, l’art et la littérature.

Moderne, il remet en cause les lieux communs, bouleverse les idées reçues, dérange le lecteur dans ses convictions et l’incite à creuser toujours plus loin derrière la grandiloquence de concepts dont la superbe n’égale souvent que le néant qu’ils recouvrent.

Ces regards sont fascinants. Ils le sont tant par la justesse et la finesse de perception de leur auteur que par la prose délicieuse qui nous invite à en goûter les plus infimes nuances.

C’est là avant tout l’œuvre d’un visionnaire. Un visionnaire qui nous dévoile la réalité du monde tel qu’il était alors et tel qu’il est devenu aujourd’hui.

Il est assez saisissant de mesurer enfin que soixante ans après sa mort, ces écrits rayonnent toujours autant par leur puissance que par leur beauté.

Extraits :

avant-propos
(…) « Considérez un peu ce qu’il adviendra de l’Europe quand il existera par ses soins en Asie, deux douzaines de Creusot ou d’Essen, de Manchester ou de Roubaix, quand l’acier, la soie, le papier, les produits chimiques, les étoffes, la céramique et le reste y seront produits en quantités écrasantes, à des prix invincibles, par une population qui est la plus sobre et la plus nombreuse du monde, favorisée dans son accroissement par l’introduction des pratiques de l’hygiène . » (…)

de l’histoire
« L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. » (…)

propos sur le progrès
(…)« L’un des effets les plus sûrs et les plus cruels du progrès est donc d’ajouter à la mort une peine accessoire, qui va s’aggravant d’elle même à mesure que s’accuse et se précipite la révolution des cou¬tumes et des idées. Ce n’était pas assez que de périr ; il faut devenir inintelligibles, presque ridicules ; et que l’on ait été Racine ou Bossuet, prendre place auprès des bizarres figures bariolées, tatouées, exposées aux sourires et quelque peu effrayantes, qui s’alignent dans les galeries et se raccordent insensiblement aux représentants naturalisés de la série animale… »(…)

autres
« L’existence des voisins est la seule défense des nations contre une perpétuelle guerre civile. »
« Le loup dépend de l’agneau qui dépend de l’herbe. L’herbe est relativement défendue par le loup. Le carnivore protège les herbes (qui le nourrissent indirectement) . »
« Les grands événements ne sont peut-être tels que pour les petits esprits. Pour les esprits plus attentifs, ce sont les événements insensibles et continuels qui comptent. »

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