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Thérèse Delpech, l’Ensauvagement

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Le retour de la barbarie au XXème siècle est le thème majeur développé dans cet essai qui a remporté le prix fémina en 2005.

Son auteur, agrégée de philosophie et diplômée de l’école normale supérieure, maîtrise allégrement son sujet.

Les fonctions prestigieuses que Thérèse Delpech occupe, tant à la tête des affaires stratégiques du commissariat à l’énergie atomique, au centre d’études et de recherches internationales, qu’à l’institut international d’études stratégiques, n’y sont en effet pas pour rien.

Cette spécialiste des relations internationales mène ici une réflexion historique sur le siècle passé pour mieux nous prédire celui qui s’ouvre à nous.

Revenant tout d’abord sur les premiers jalons posés par le conflit russo-japonais de 1905, elle nous livre ici une analyse à la fois stratégique, historique et philosophique du monde actuel et des scénarios plausibles pour 2025.
Pessimiste, l’auteur met en garde contre l’incidence de la politique de Poutine, les tensions en Asie du Sud-Est et la question nucléaire.

A bien des égards, cet essai passionnant mérite d’être lu à la lumière du rapport de la CIA commenté par Alexandre Adler. Il s’en distingue toutefois par sa dimension quasi-spirituelle qui lui confère une teinte unique.

Jean-Pierre Le Goff, La Barbarie Douce

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La barbarie douce est un essai écrit en 1999 et réédité en 2003 par Jean-Pierre le Goff, sociologue et philosophe français.

Épinglant les techniques de management issues des années 1980, l’école et le monde de l’entreprise sont examinés ici sous le spectre du modernisme et de l’optimisation.

Ce qu’il restait d’humanité et d’individualité est sacrifié sur l’autel de la sacro-sainte « performance » des entreprises. Les « bilans de compétences » et « contrats-objectifs » ciblent quotidiennement les « savoir », « savoir-faire » et « savoir-être » de salariés dont la marge de manœuvre se réduit à mesure que s’étend leur « autonomie » supposée.

Ce que l’auteur décrit ici, c’est la marche implacable et terrifiante de ce néo-Taylorisme qui gagne les bancs de l’école. Un mouvement qui revient à exclure, de plus en plus jeune, des élèves jugés incompatibles avec ce qui sert de modèle aux chasseurs de têtes. Mais de quel modèle s’agit-il ? D’une sorte d’idéal dangereux qui se coupe progressivement du réel en entraînant dans sa chute une génération toute entière.

Très intéressante, cette étude évite habilement les simplifications et récupérations politiques grossières pour mouiller tout le paysage idéologique français de droite comme de gauche. Une réflexion savante sur un processus que beaucoup ont l’occasion de toucher du doigt sans pour autant en mesurer l’impact ou la gravité sur l’Homme en devenir, celui que nous « préparons »aujourd’hui, inconsciemment sans doute, pour le siècle à venir.