Archive for novembre, 2008

Raphaëlle Bacqué et Ariance chemin, La Femme Fatale

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La femme fatale est une enquête publiée l’année dernière par deux grands reporters au Monde, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin. Ces deux anciens de science-pô nous ouvrent les portes de la campagne du PS pour les présidentielles de 2007. On y découvre chronologiquement de nombreuses anecdotes sur la personnalité de Ségolène Royal, ses rapports tumultueux avec son ex-compagnon et ceux, dramatiques, entretenus avec les éléphants du parti.

Si ce livre a fait grand bruit, c’est surtout parce que l’éditeur, Albin Michel, a été poursuivi pour diffamation et violation du droit au respect de la vie privée par le couple Hollande-Royal. Il est d’ailleurs amusant de relever à cet égard que l’avocat en charge de l’affaire, Jean-Pierre Mignard, figure lui aussi bel et bien dans ce livre d’investigation.

Un tel tintamarre nous donne ainsi légitimement le droit de nous demander quelles révélations extraordinaires pouvaient alors bien justifier à la fois une telle couverture médiatique et avant cela, une demande d’interdiction de publication ?

Les thèmes majeurs abordés ici sont principalement la revanche de la mère Ségolène sur les éléphants qui l’avaient par trop méprisés, son rapprochement avec Jean-Pierre Chevènement et ses confidences à Bernard Henry Lévy, devenu peu à peu son conseiller de l’ombre.

Ceux qui s’attendaient à voir révélé au goût du jour les moindres détails de la vie sentimentale de la reine du Parti Socialiste et celle de l’ex-premier secrétaire, feront donc mieux de passer leur chemin.

À mon sens, la personne qui ressort la plus antipathique au terme de cet ouvrage est probablement Julien Dray. Quant à Ségo, c’est là tout un paradoxe pour un livre prétendument mensonger et diffamant : Ceux qui la haïssent apprendront presque à l’aimer, alors que ceux qui l’adorent mettront peut-être juste un peu d’eau dans leur vin rosé.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas et quel que puisse t être notre sensibilité politique, il est difficile de ne pas ressentir un malaise en lisant ces pages. Celui d’une conception cynique de la politique. La chasse impitoyable aux voix, et l’adaptation permanente de ce qui sert de programme, révèle surtout le néant profond de toute conviction politique de la part des candidats. Jean Dutourd n’a certainement pas complètement tort lorsqu’il pointe avec malice dans son essai, le feld-maréchal Bonaparte, certaines limites du système démocratique ; celui-là même que d’aucuns considèrent pourtant comme… le moins mauvais de tous !

Yslaire et Balac – Sambre

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Yslaire - Sambre - Tome 1

Sang et sombre. La famille Sambre a les cheveux rouges. Dans la famille de Julie, les femmes ont les yeux couleur braise. D’après Hugo le défunt père de Bernard, une malédiction pèserait sur les mâles de la famille Sambre: ils seraient à chaque génération pris de passion pour une femme de la famille de Julie et en deviendraient fous.

C’est dans le premier tome que Bernard rencontre Julie, braconnière, sous un pont. Il en tombe amoureux, c’est ainsi que commence la magnifique série de bandes-dessinées Sambre, créée par Yslaire et Balac en 1986.

Romantisme, athmosphère gothique, ambiance dramatique, coup de crayon sûr et original, coloration splendide, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Sambre un pilier de la Bd. J’ai adoré.

Sambre a remporté 3 prix:

  1. En 1986, le Prix Saint-Michel de la meilleure BD (pour Bernard Hislaire).
  2. En 1987, le prix des lecteurs de Libération au Festival d’Angoulême (Bernard Hislaire et Balac).
  3. En 1998, le prix Haxtur du meilleur dessin au Festival international de la Bande Dessinée de la Principauté des Asturies  (Bernard Hislaire).

Terry Pratchett et ses hilarantes Annales du Disque-Monde

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Le Disque-Monde est un monde en forme de disque soutenu par 4 éléphants eux-mêmes reposant sur le dos de la tortue géante A’tuin, éternelle voyageuse traversant le cosmos. De nombreux théologiens réfléchissent et dissertent sur les questions essentielles suivantes: quel est le sexe d’A’tuin, à quoi pense t’elle ? (ce qui est une question très difficile puisque elle aurait une pensée par siècle environ) Où va t’elle ? (Certains émettent la possibilité d’un voyage destiné à la reproduction d’A’tuin, ce qui nous amène à considérer la terrible et fatale remarque qui suit: si A’tuin est un mâle, ça ira, si c’est une femelle, les habitants du disque-monde risquent de vivre l’Apocalypse. Les spécialistes appellent cette thèse la thèse du Big Bang, ou de la Grande Secousse).

Les amateurs de science-fiction qui auront lu l’ouvrage de Larry Niven (qui a été récompensé des prix Hugo, Locus et Nebula en 1970 et 1971) appelé l’Anneau Monde saisiront l’allusion parodique de Pratchett, l’Anneau Monde est un monde artificiel en forme d’anneau qui gravite autour d’un soleil, situé en son centre.

Les Annales Du Disque-Monde regroupent une quarantaine de tomes, et relatent de nombreuses histoires plus délirantes les unes que les autres, mettant en scène des personnages aussi variés que des mages, des sorcières, la Mort, des Dieux joueurs d »échec ou encore une louve-garou. Perpétuelle parodie , mélangées de science-fiction et de fantasy dans un monde médiéval-fantastique noyé sous les magies, les Annales du Disque Monde nous font voyager entre l’absurde et le comique, le sourire aux lèvres et l’esprit ravi des trouvailles croustillantes dont Pratchett parsème ses ouvrages. Un régal !

Une petite citation de Pratchett pour briller en soirée: « A lot of science fiction is fantasy with nuts and bolts painted on the outside. » ou avec une traduction libre dans la langue de Voltaire : « Une grande partie de la science-fiction est de la fantasy avec des boulons »

Chuck Palahniuk, Choke

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Choke est la troisième arme de destruction massive lâchée en 2001 par cet ovni de la littérature américaine.

Révélé au monde entier par le succès du dérangeant fight club, Palahniuk excelle dans ce nouveau genre de roman qui fascine presque autant qu’il peut dégoûter.

Corrosif, lubrique, venimeux, provoquant, déjanté, les adjectifs ne manquent pas pour décrire le style de l’auteur qui nous dépeint la quête d’identité de son principal protagoniste: Victor Mancini.

Victor, est un médecin nymphomane qui cherche à découvrir ses origines au chevet de celle qu’il croit être sa mère mourante. Victor a pour passe-temps favori de faire semblant de s’étouffer dans des restaurants afin d’être « sauvé » par des bienfaiteurs généreux. Victor est convaincu par Paige Marschall, une jeune médecin débridée, qu’il est le nouveau christ. Victor a un meilleur ami, Denny, qui, obsédé par les pierres, commence à construire sans permis une immense bâtisse…

Choke est un voyage au cœur de la folie. Chaque personnage est guidé par sa propre névrose obsessionnelle jusqu’au narrateur lui-même qui plaque, un à un, ses tics d’expression.

L’habileté suprême du père Chuck nous conduit pourtant  même à douter, au moment de refermer ce roman effrayant: Qui de ces « egos pensants » est vraiment fou ou clairvoyant?

Pour finir et en un mot, Choke est un livre d’une très grande originalité mais à déconseiller fortement aux âmes sensibles et puritaines.

Le retour à la terre

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Encore du Manu Larcenet mais cette fois ci uniquement comme dessinateur.
Le héros, Manu Larssinet, est dessinateur. Il est aussi tres citadin. Avec sa femme, Mariette, il décide d’aller se mettre au vert et d’habiter à la campagne, c’est là que les ennuies commencent. Son angoisse du silence, ses voisins qui lui paraissent bizarres (ils sont juste une caricature de ce qu’on appellerait la France profonde, aucun coté négatif dans ma remarque, ma famille y est encore bien implantée.): Un voisin-propriétaire qui ne parle jamais, un ermite tout nu qui est en fait l’ancien maire du village qui a mal vécu un contrôle fiscal, une boulangère canon… , son chat qui se comporte comme un chat (il mange et il dort), son portable qui ne capte pas tout le temps… Pour Manu c’est le debut d’une nouvelle vie et il n’est pas sorti de l’auberge.

Mon avis: C’est très bien, mais moins que le combat ordinaire. Pour moi qui viens de la campagne (400 habitants au compteur dans mon village) et qui ai fait mes etudes à Paris, j’ai vraiment eu l’impression de reconnaitre des copains/copines qui sont de pur(e)s parisiens/parisiennes. Une bonne adresse. A essayer.

Thérèse Delpech, l’Ensauvagement

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Le retour de la barbarie au XXème siècle est le thème majeur développé dans cet essai qui a remporté le prix fémina en 2005.

Son auteur, agrégée de philosophie et diplômée de l’école normale supérieure, maîtrise allégrement son sujet.

Les fonctions prestigieuses que Thérèse Delpech occupe, tant à la tête des affaires stratégiques du commissariat à l’énergie atomique, au centre d’études et de recherches internationales, qu’à l’institut international d’études stratégiques, n’y sont en effet pas pour rien.

Cette spécialiste des relations internationales mène ici une réflexion historique sur le siècle passé pour mieux nous prédire celui qui s’ouvre à nous.

Revenant tout d’abord sur les premiers jalons posés par le conflit russo-japonais de 1905, elle nous livre ici une analyse à la fois stratégique, historique et philosophique du monde actuel et des scénarios plausibles pour 2025.
Pessimiste, l’auteur met en garde contre l’incidence de la politique de Poutine, les tensions en Asie du Sud-Est et la question nucléaire.

A bien des égards, cet essai passionnant mérite d’être lu à la lumière du rapport de la CIA commenté par Alexandre Adler. Il s’en distingue toutefois par sa dimension quasi-spirituelle qui lui confère une teinte unique.

Le combat ordinaire

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Marco est photographe reporter. La BD raconte l’histoire de sa vie, avec tous les problèmes d’une personne normale (voir même un peu plus de problèmes qu’une personne normale): sa famille, sa vie sentimentale, ses amis, son métier…  Tout est compliqué pour lui, il aimerait bien que tout soit plus simple. Grand enfant, il a du mal à se plonger dans la réalité et préfère s’en protéger.

Mon avis: c’est merveilleux, le personnage est attachant et on se reconnait tous un peu en lui. Impulsif, joyeux, triste, amoureux, solitaire … On a tous une part de Maroc en nous, ou bien c’est peut être lui qui a une part de nous tous. En tous cas Marco, nous fait passer un merveilleux moment et nous rappelle que la vie c’est pas toujours facile mais que finalement, c’est bien quand même.
Pour couper court: le combat ordinaire, ça ne se raconte pas, ça se vit. Alors dépêcher vous de filer vous le procurer, ça serait dommage de rater ça et de ne pas l’offrir a Noël 😉

Vernor Vinge, Un feu sur l’abime (A Fire Upon The Deep)

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Une expédition découvre un trésor dans un lieu reculé de la galaxie: un mine de programmes inconnus issus d’une Archive d’une civilisation disparue. En explorant ces programmes, les chercheurs déclenchent une Perversion, une entité intelligente maligne qui va rapidement chercher à soumettre et détruire toute civilisation et toute forme de vie.

Deux enfants parviennent malgré tout à s’échapper avec le seul remède capable de détruire la Perversion. Après un court voyage, ils atterrissent en catastrophe sur une planète habitée par un civilisation primitive de forme canine, à un stade d’évolution équivalent de notre moyen-age. Le vaisseau envoie alors automatiquement un signal de détresse auquel une civilisation répond, des années plus tard, par une mission de sauvetage.

Quelques réflexions:

Dans Un Feu Sur L’abime, Vernor Vinge développe plusieurs concepts majeurs extrêmement pertinents, notamment:

  • La galaxie non-homogène et la transcendance: plus on se rapproche de son centre, plus la matière est dense et le temps, l’intelligence, la pensée et les avancées technologiques sont ralentis. Les civilisation pour progresser doivent être le plus possible à la bordure de la galaxie, c’est la bordure qui devient le véritable centre des échanges et des avancées technologiques: intelligence artificielle, antigravitation… Lorsqu’elle s’éloigne encore de la galaxie, la civilisation tend à se déifier, à transcender pour devenir des entités « divines ».
  • La race canine intelligente occupant la planète ou atterrissent les enfants fonctionne avec des esprits de groupe: les individus peuvent s’unir et développer un esprit commun, un individu est alors constitué de plusieurs corps indépendants avec un esprit unique, fusion des différents esprits. Lors du décès d’un des membres de l’individu, celui-ci doit s’efforcer de maintenir son unité, et généralement va chercher un corps solitaire pour lui proposer la fusion, cette fusion est source d’équilibre jusqu’à une certaine limite (<3,4 voire une dizaine de corps, selon les individus).

Vernor Vinge a reçu pour Un Feu Sur L’Abîme l’éminent prix Hugo en 1993.

Avis personnel:

Assez difficile d’accès et très conceptuel, ce roman recèle des reflexions d’une extrème richesse (en effet plusieurs années avant leur arrivée, Vernor Vinge décrit notamment ce qui sera Internet, le mail etc.)  et une histoire qui se révèle passionnante malgré un départ un peu rude. Accrochez-vous, ça vaut le coup.

[Lien vers une critique de haut vol]

Durango, le western d’un Swolf inspiré par Clint Eastwood et Jean-Louis Trintignant

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Encore fraichement sorti de ses études de journalisme, et fort de son tout récent diplôme de l’Ecole Supérieure d’Art, en mai 1980 Yves Swolf, frappé par la muse qui l’habite, a un coup de génie et crée le mythique Durango.

Cette bande dessinée western à la sauce spaghetti se révèle être un condensé de plaisir : le trait fin et les couleurs dynamiques subliment les solitaires tribulations d’un héros implacable et surdoué. Durango, personnage fortement inspiré de Clint Eastwood (et du personnage joué par Jean-Louis Trintigant dans le grand silence) est un professionnel du colt (un Mauser C96 qu’il acquiert au 2e tome) qui ne tue qu’en cas de légitime défense. Si l’on peut déplorer la faiblesse du scénario global de la série, il est difficile de ne pas s’attacher au personnage et de ne pas dévorer les 14 tomes d’affilée. Durango a cet avantage sur ses équivalents Blueberry et The Bouncer d’offrir un dessin sobre et lumineux ce qui ne gâche rien.  Durango est une superbe série bd qui gagne à être connue !

Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter à la page wikipédia de Durango.

Daniel Pennac, Chagrin d’École

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Chagrin d’école a permis à Daniel Pennacchioni, Pennac pour les intimes, (et pour les autres aussi d’ailleurs), de remporter le prix Renaudot en 2007.

Ce merveilleux petit essai s’ouvre avec douceur sur les difficultés scolaires de l’auteur de la fée carabine et nous invite par là, à mieux pénétrer la vocation profonde de cet homme : enseigner le français.

C’est en les murs d’Hulst, lycée français parisien, que Pennac vit plus qu’il ne nous narre, ces anecdotes drôles, touchantes et révélatrices du rôle crucial qu’est amené à jouer un professeur sur le destin de ces vies naissantes.

Ceux qui comme moi auront enduré, sur les bancs du secondaire, des interminables sévices littéraires infligés par d’horribles personnages rabougris par le temps, l’aigreur et l’indifférence de générations d’écoliers, ne tarderont pas à être conquis par la bonté, le charme et la pédagogie de cet amoureux des livres.