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Gomorra : Roberto Saviano raconte la mafia napolitaine

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Roberto Saviano - Gomorra - dans l'empire de la Camorra

Elles ont engendré plus de morts que n’importe quelle autre organisation terroriste: plus de 10000 en 30 ans.  Cumulé, le chiffre d’affaire des 3 grandes mafias italiennes ( Ndrangheta, Camorra et Cosa Nostra) est estimé à plus de 100 milliards d’euros par an.

Dans son enquète appellée Gomorra, Roberto Saviano nous emmène au coeur des cités napolitaines, fiefs de la Camorra. Nous le suivons dans son terrible parcours : du port de Naple, point d’entrée en Europe de la très grande majorité des contrefaçons en provenance de l’Asie en passant par les cités décimées par la drogue et les armes, puis par les ateliers clandestins producteurs de haute couture pour découvrir finalement avec stupeur la mainmise des mafias sur le traitement et le recyclage (qui n’ont pas lieu) des déchets.

Dans son ouvrage, Roberto Saviano décrit avec précision les mécanismes de la mafia italienne, comment les cités noyautées n’attendent plus grand chose de l’Etat ou de la ville mais tout de la mafia. La fascination des jeunes.

Roberto Saviano

Les systèmes de surveillance par ces jeunes justement. La vie des familles. Les règlements de comptes. Les caches des « parrains ». Les magouilles et les mécanismes financiers déments. La folie de ce monde gangréné et sans valeurs. Edifiant, Gomorra fait peur parce qu’il sonne vrai, parce qu’on voudrait que ce ne soit qu’un film, ou un roman policier. A lire, ne serait-ce que pour saluer le courage de son auteur !

Gomorra a été récemment adapté au grand écran: le film est traité différemment, il insiste surtout sur la description réaliste de « tranches de vie » du monde de la camorra, sur l’absurdité, sur l’horreur et la mort. Complémentaire, le film est tout aussi intéressant, il apporte le coté visuel, concret et réel au livre qui tient plus un rôle de document d’enquète.

Raphaëlle Bacqué et Ariance chemin, La Femme Fatale

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La femme fatale est une enquête publiée l’année dernière par deux grands reporters au Monde, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin. Ces deux anciens de science-pô nous ouvrent les portes de la campagne du PS pour les présidentielles de 2007. On y découvre chronologiquement de nombreuses anecdotes sur la personnalité de Ségolène Royal, ses rapports tumultueux avec son ex-compagnon et ceux, dramatiques, entretenus avec les éléphants du parti.

Si ce livre a fait grand bruit, c’est surtout parce que l’éditeur, Albin Michel, a été poursuivi pour diffamation et violation du droit au respect de la vie privée par le couple Hollande-Royal. Il est d’ailleurs amusant de relever à cet égard que l’avocat en charge de l’affaire, Jean-Pierre Mignard, figure lui aussi bel et bien dans ce livre d’investigation.

Un tel tintamarre nous donne ainsi légitimement le droit de nous demander quelles révélations extraordinaires pouvaient alors bien justifier à la fois une telle couverture médiatique et avant cela, une demande d’interdiction de publication ?

Les thèmes majeurs abordés ici sont principalement la revanche de la mère Ségolène sur les éléphants qui l’avaient par trop méprisés, son rapprochement avec Jean-Pierre Chevènement et ses confidences à Bernard Henry Lévy, devenu peu à peu son conseiller de l’ombre.

Ceux qui s’attendaient à voir révélé au goût du jour les moindres détails de la vie sentimentale de la reine du Parti Socialiste et celle de l’ex-premier secrétaire, feront donc mieux de passer leur chemin.

À mon sens, la personne qui ressort la plus antipathique au terme de cet ouvrage est probablement Julien Dray. Quant à Ségo, c’est là tout un paradoxe pour un livre prétendument mensonger et diffamant : Ceux qui la haïssent apprendront presque à l’aimer, alors que ceux qui l’adorent mettront peut-être juste un peu d’eau dans leur vin rosé.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas et quel que puisse t être notre sensibilité politique, il est difficile de ne pas ressentir un malaise en lisant ces pages. Celui d’une conception cynique de la politique. La chasse impitoyable aux voix, et l’adaptation permanente de ce qui sert de programme, révèle surtout le néant profond de toute conviction politique de la part des candidats. Jean Dutourd n’a certainement pas complètement tort lorsqu’il pointe avec malice dans son essai, le feld-maréchal Bonaparte, certaines limites du système démocratique ; celui-là même que d’aucuns considèrent pourtant comme… le moins mauvais de tous !

Chuck Palahniuk, Choke

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Choke est la troisième arme de destruction massive lâchée en 2001 par cet ovni de la littérature américaine.

Révélé au monde entier par le succès du dérangeant fight club, Palahniuk excelle dans ce nouveau genre de roman qui fascine presque autant qu’il peut dégoûter.

Corrosif, lubrique, venimeux, provoquant, déjanté, les adjectifs ne manquent pas pour décrire le style de l’auteur qui nous dépeint la quête d’identité de son principal protagoniste: Victor Mancini.

Victor, est un médecin nymphomane qui cherche à découvrir ses origines au chevet de celle qu’il croit être sa mère mourante. Victor a pour passe-temps favori de faire semblant de s’étouffer dans des restaurants afin d’être « sauvé » par des bienfaiteurs généreux. Victor est convaincu par Paige Marschall, une jeune médecin débridée, qu’il est le nouveau christ. Victor a un meilleur ami, Denny, qui, obsédé par les pierres, commence à construire sans permis une immense bâtisse…

Choke est un voyage au cœur de la folie. Chaque personnage est guidé par sa propre névrose obsessionnelle jusqu’au narrateur lui-même qui plaque, un à un, ses tics d’expression.

L’habileté suprême du père Chuck nous conduit pourtant  même à douter, au moment de refermer ce roman effrayant: Qui de ces « egos pensants » est vraiment fou ou clairvoyant?

Pour finir et en un mot, Choke est un livre d’une très grande originalité mais à déconseiller fortement aux âmes sensibles et puritaines.

Thérèse Delpech, l’Ensauvagement

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Le retour de la barbarie au XXème siècle est le thème majeur développé dans cet essai qui a remporté le prix fémina en 2005.

Son auteur, agrégée de philosophie et diplômée de l’école normale supérieure, maîtrise allégrement son sujet.

Les fonctions prestigieuses que Thérèse Delpech occupe, tant à la tête des affaires stratégiques du commissariat à l’énergie atomique, au centre d’études et de recherches internationales, qu’à l’institut international d’études stratégiques, n’y sont en effet pas pour rien.

Cette spécialiste des relations internationales mène ici une réflexion historique sur le siècle passé pour mieux nous prédire celui qui s’ouvre à nous.

Revenant tout d’abord sur les premiers jalons posés par le conflit russo-japonais de 1905, elle nous livre ici une analyse à la fois stratégique, historique et philosophique du monde actuel et des scénarios plausibles pour 2025.
Pessimiste, l’auteur met en garde contre l’incidence de la politique de Poutine, les tensions en Asie du Sud-Est et la question nucléaire.

A bien des égards, cet essai passionnant mérite d’être lu à la lumière du rapport de la CIA commenté par Alexandre Adler. Il s’en distingue toutefois par sa dimension quasi-spirituelle qui lui confère une teinte unique.

Daniel Pennac, Chagrin d’École

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Chagrin d’école a permis à Daniel Pennacchioni, Pennac pour les intimes, (et pour les autres aussi d’ailleurs), de remporter le prix Renaudot en 2007.

Ce merveilleux petit essai s’ouvre avec douceur sur les difficultés scolaires de l’auteur de la fée carabine et nous invite par là, à mieux pénétrer la vocation profonde de cet homme : enseigner le français.

C’est en les murs d’Hulst, lycée français parisien, que Pennac vit plus qu’il ne nous narre, ces anecdotes drôles, touchantes et révélatrices du rôle crucial qu’est amené à jouer un professeur sur le destin de ces vies naissantes.

Ceux qui comme moi auront enduré, sur les bancs du secondaire, des interminables sévices littéraires infligés par d’horribles personnages rabougris par le temps, l’aigreur et l’indifférence de générations d’écoliers, ne tarderont pas à être conquis par la bonté, le charme et la pédagogie de cet amoureux des livres.

Paul Valéry, Regards sur le monde actuel

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Regards sur le monde actuel est un essai écrit en 1931 par Paul Valéry, « l’un des esprits les plus puissants et les plus lucides » du XXème siècle.

Au fil des pages, Paul Valéry fait montre d’une intelligence redoutable. Tour à tour il analyse, il décortique, il projette sa vision du monde sur des sujets aussi divers que l’histoire, la politique, l’art et la littérature.

Moderne, il remet en cause les lieux communs, bouleverse les idées reçues, dérange le lecteur dans ses convictions et l’incite à creuser toujours plus loin derrière la grandiloquence de concepts dont la superbe n’égale souvent que le néant qu’ils recouvrent.

Ces regards sont fascinants. Ils le sont tant par la justesse et la finesse de perception de leur auteur que par la prose délicieuse qui nous invite à en goûter les plus infimes nuances.

C’est là avant tout l’œuvre d’un visionnaire. Un visionnaire qui nous dévoile la réalité du monde tel qu’il était alors et tel qu’il est devenu aujourd’hui.

Il est assez saisissant de mesurer enfin que soixante ans après sa mort, ces écrits rayonnent toujours autant par leur puissance que par leur beauté.

Extraits :

avant-propos
(…) « Considérez un peu ce qu’il adviendra de l’Europe quand il existera par ses soins en Asie, deux douzaines de Creusot ou d’Essen, de Manchester ou de Roubaix, quand l’acier, la soie, le papier, les produits chimiques, les étoffes, la céramique et le reste y seront produits en quantités écrasantes, à des prix invincibles, par une population qui est la plus sobre et la plus nombreuse du monde, favorisée dans son accroissement par l’introduction des pratiques de l’hygiène . » (…)

de l’histoire
« L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. » (…)

propos sur le progrès
(…)« L’un des effets les plus sûrs et les plus cruels du progrès est donc d’ajouter à la mort une peine accessoire, qui va s’aggravant d’elle même à mesure que s’accuse et se précipite la révolution des cou¬tumes et des idées. Ce n’était pas assez que de périr ; il faut devenir inintelligibles, presque ridicules ; et que l’on ait été Racine ou Bossuet, prendre place auprès des bizarres figures bariolées, tatouées, exposées aux sourires et quelque peu effrayantes, qui s’alignent dans les galeries et se raccordent insensiblement aux représentants naturalisés de la série animale… »(…)

autres
« L’existence des voisins est la seule défense des nations contre une perpétuelle guerre civile. »
« Le loup dépend de l’agneau qui dépend de l’herbe. L’herbe est relativement défendue par le loup. Le carnivore protège les herbes (qui le nourrissent indirectement) . »
« Les grands événements ne sont peut-être tels que pour les petits esprits. Pour les esprits plus attentifs, ce sont les événements insensibles et continuels qui comptent. »

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Philip K.Dick – Le maître du Haut Chateau

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Philip K. Dick - Le Maitre du Haut Chateau

Description :

Le Maître du Haut chateau est une uchronie, il décrit un présent qui aurait pu être si l’Allemagne avait gagné la guerre. Dans cette hypothèse, les Japonais et les Allemands se partagent la domination du monde. Le roman met en scène plusieurs personnages qui ne se rencontrent jamais mais ont tous en commun un lien avec Childan, un des protagonistes. Il est intéressant de noter l’existence d’un roman dans le roman, une uchronie dans l’uchronie intitulé « la sauterelle pèse lourd », un ouvrage séditieux et interdit dans toute la partie sous domination nazie qui décrit ce qu’aurait été le monde si l’Allemagne avait perdu la guerre.

Avis personnel :

Si ce roman n’est pas prenant ni haletant, il développe très subtilement une histoire parallèle, à laquelle on se met à croire progressivement. Le coté psychedelique des romans de Dick est ici très bien représenté et très bien encadré tout à la fois. Intellectuellement passionant, Le Maître du Haut Chateau est un livre est à savourer 🙂

Bienvenue sur Geek de Lecture

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