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Kawakami Hiromi, Les Années douces (Sensei no kaban)

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Il s’agit d’un livre empreint de bonheur et de mélancolie pour découvrir la littérature japonaise contemporaine. Tsukiko, la quarantaine, rencontre son ancien professeur de japonais dans un bar où elle a ses habitudes. S’ensuivent une série d’entrevues insolites ou alcoolisées avec « le maître », et Tsukiko se met peu à peu à souhaiter leurs rencontres. Des liens à la fois simples et complexes se tissent lentement et presque malgré eux.

Chaque rencontre permet d’appréhender la culture du Japon, le saké, la montagne, la fête des cerisiers en fleur… Elles sont ordinaires et dégagent pourtant une poésie et une douceur qui ont le goût du rêve qui s’évanouit. Il est facile de s’identifier à l’héroïne qui, en tant que narrateur, n’affiche pas une personnalité très définie par rapport au vieux professeur, et c’est peut-être en partie pour cela que ce roman est aussi touchant.

Ce n’est donc pas un livre d’action mais la belle histoire de deux solitaires qui n’ont a priori rien en commun et qui s’apprivoisent pour retrouver un sens à leur vie.

Extraits :

« Le maître et moi, nous ne nous parlons plus. Du coup, je me rends compte que tout ce que je faisais jusque là, c’était avec le maître, lui seul. A part lui, cela faisait bien longtemps que ça ne m’arrivait plus de boire du saké en compagnie de quelqu’un, de marcher dans la rue ou de voir des choses plaisantes. Quand je cherche à me rappeler avec qui alors je faisais des choses en commun avant de devenir intime avec le maître, aucun nom ne me vient à l’esprit. J’étais seule. »

« Comme dans un soupir, je l’ai appelé. A son tour, il a murmuré mon nom. Sa voix était nette et pure, c’était une voix de prof. « Ce sont les enfants qui ont peur du tonnerre, ne l’oubliez pas! » Le maître a ri bruyamment. Son rire se superposait au grondement du tonnerre. Mais enfin, puisque je vous dis que je vous aime. A moitié sur ses genoux, je continuais à murmurer, mais mes paroles ont été immédiatement effacées par le bruit du tonnerre et le rire du maître. »